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Un ptit tour hors du commun par le brésil

Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti cela, et quelle saveur ! Je suis dans ce bus pour Barra Grande, Barra Grande c’est une péninsule a environ 200km au sud de Salvador. Comment j’ai atterri ici, bein comment dire, un peu comme d’hab. Appelez cela le hasard, les coïncidences, un retour de ce qu’on rayonne ou une bonne étoile… que sais-je en tout cas je suis en route pour la casa d’un ami d’un ami. Perdu au plus profond du brésil et seul immergé dans un pays ou je ne parle pas (encore) la langue. Mais commençons par le début de ces 2 semaines au brésil. J’ai d’abord atterris à Brasilia, Bernard le nouveau VI Amérique du sud vient d’arriver et François, son prédécesseur nous a accueilli comme des princes. Pendant ces 3 jours 2 choses importantes, la première c’est que le brésil s’est pris une tôlée contre l’Allemagne. Mais à vrai dire on s’en foot, parceque je fais a peine la différence entre un coup franc et un penalty. La seconde c’est le bonheur de voir un nouveau VI qui arrive en poste avec une soif de découvrir et une motivation de la sorte, quelqu’un qui réalise vraiment la chance que c’est d’avoir décroché ce job. Mon petit doigt me dit qu’il saura profiter de chaque seconde et ça, ça fait vraiment plaisir.

Bref voilà le chapitre Brasilia, passons à Sao Paulo. 2 jours de Taf et de bons moments avec Ximenia et Ben. Vitor était aussi là le premier soir et se retrouver après 8 ans sur un air de samba en live valait son pesant d’or. C’est incroyable comment quand on recroise des amis après une super longue période et qu’on est toujours super en phase comme si on s’était quitté la veille !

Et nous revoila dans ce Bus. Vitor m’a filé le contact d’un pot surfer qui m’a de suite ouvert sa porte. Ce qui est bien quand on voyage seul c’est qu’on a le temps de penser. Les paysages défilent avec les idées et souvenirs. Réflexions face à soi-même sans artifices ni paraitre. Voyager seul c’est aussi une incroyable sensation de liberté, à chaque seconde on peut changer de chemin.

A l’arrivée j’ai RDV dans la station essence de ce pueblito dont les rues sont en sable. La serveuse se présente à moi directement et son sourire reflète sa gentillesse et simplicité. C’est incroyable cette fraicheur et ce naturel qu’ont les gens ici. Un trésor d’humanité que je n’ai malheureusement pas trouvé autant que cela devrait être partout dans le monde.

Christian me fait monter dans son 4x4 et en avant pour son petit paradis sur une route en latérite. A trois pas de la plage il s’est acheté ce petit bout de terrain face à ce son spot de surf secret. Voilà bientôt un an qu’il construit de ses mains sa maison et son jardin, Christian est un personnage hors du commun. Fils d’une mère d’origine arabe et d’un père Japonais il a déjà parcouru la moitié du globe en quête de la vague parfaite. Accessoirement il est aussi avocat, mais a ce stade la de l’histoire je n’y avait pas fait plus attention que cela. Apres un bon repas végétarien, me voilà un longboard dans les mains et en route pour bouffer de la vague. Bouffer de la vague, au sens figuré pour Christian mais au sens propre pour moi. Apres avoir passé la barre, l’endroit où les vagues se rompent et on il vaut mieux y rester le moins longtemps possible, je réalise la chance que j’ai : Un prof particulier et pas n’importe lequel, un spot secret, des tortues qui nagent autour de moi et des tubes puissants. On rentre finalement en fin d’après-midi et je pars au village pour acheter chez le boutiquier une bonne bouteille de rouge. Quelques jeunes jouent au foot pied nus dans le sable et me demandent si je suis Allemand ;) Le soleil se couche et nous attaquons l’apéro sur un air de percussions. Les voisins pratiquent la capoeira 3 fois par semaine, un plaisir à regarder. Au matin suivant, réveil 6h30 pour profiter des meilleurs vagues avant de partir a Ilhéus changer les plaquettes de frein sur la voiture. Le trajet est somptueux et une fois sur place Christian reçoit un coup de téléphone. Un client qui l’appelle pour aller défendre un cas. Pas grand-chose à défendre en fin de compte car quand nous arrivons sur place, ruelles sombre d’un petit village ou nous nous étions arrêtés le matin, la personne nous précise que une amie s’est faite attrapée avec 500 grammes de crack, 1.5kilo d’herbe et des armes. Bem vindo no brasil ! On enchaîne sur le commissariat ou finalement 3 protagonistes ont été arrêtés et se trouvent au sol menottés. La cliente est une jeune fille d’une trentaine d’années. Une heure se passe pour les formalités et nous repartons chez les amis. Dans la voiture Christian m’explique que la fille prendra très probablement 7 ans de prison (au passage elle s’est aussi faite tabassée par les policiers avant qu’on ne prenne sa déclaration). Savoir que ses 7 prochaines années seront dans les conditions pire que celles dont on traite du bétail me glace le sang. Une école du crime m’explique Christian. Ou chaque soir on se couche sans savoir si on se réveillera le lendemain. Je repense à ce moment-là à ce film décrivant cette prison brésilienne où une rébellion créa un massacre humain. Le film est un récit d’une histoire vrai certes et même si il est très émouvant j’avais face à moi un écran. Croiser le regard de cette fille était sans précèdent pour moi. Je regardais les étoiles en attendant les formalité en pensant qu’elle ne les verrai plus. Elle qui a grandi sur cette petite péninsule si paisible. Formalités terminées nous retournons décrire la situation au groupe d’amis. Qu’est-ce que j’aurai pas donné pour comprendre toutes les conversations. La soirée fut paisible pour nous. Christian m’explique comment le système est injuste parcequ’il ne donne pas d’opportunités à ces enfants (sans parler des milliards disparus dans les poches de dirigeants corrompus et qui pourrait changer les choses). Ces trafiquants sont des gosses, sans travail, sans éducation, sans même quelquechose à manger qui n’essayerai pas de survivre ? et pour cela un solution c’est de faire du commerce de ce qui vous est accessible même si c’est illégal et que vous risquez votre vie. Malgré sa compassion Christian est révolté de savoir qu’ils amenaient la mort sur cette ile. Résidu de la fabrication de la cocaïne, le crack rend dépendant dès la première prise et quand il me parle de mort c’est qu’à chaque prise il y a 50% de chance d’y rester, et même si on en revient c’est avec un cerveau buggué.

Le lendemain dans les rues de Salvador je vois par terre un gars s’injectant ce poison et rester inerte sur le sol. Entre les douaniers que je suis passé voir pour le boulot quelques jours plus tôt, les policiers, les trafiquants et les consommateurs j’ai presque bouclé la boucle. Il ne manquerai que le fabricant mais celui-là j’espère bien ne jamais le croiser.

Le brésil est un paradis, ses habitants ont une beauté profonde et une joie de vivre inégalable. Mais c’est aussi une terre ou l’on côtoie aussi le pire chaque jour. Mélange étrange où tout peut arriver. Je n’oublierai jamais ces moments hors du commun ou j’ai pu côtoyer ce que l’on ne voit, nous occidentaux, que dans les reportage d’envoyé spécial.

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